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среда, 25 мая 2016 г.

Conversation // III annee// La censure cinématographique en France

  La censure cinématographique en France

Affiche Portier de nuit
Alors que le retour de la censure du cinéma est un thème régulièrement relancé à propos de quelques films récents (Scream et ses effets pernicieux sur le comportement des jeunes, Baise-moi et sa pornographie « d’auteur »), il est bon de rappeler, à propos des Sentiers de la gloire et, plus largement, de la période des années 1950 et 1960, combien les interdictions de sorties en France ont été nombreuses et la liberté d’expression limitée. Un bref retour sur le contexte moral de cette époque permet de comprendre le sort réservé au film de Kubrick.
Grosso modo, la censure s’exerce après guerre à l’encontre de trois types de films. Dans le premier cas, il s’agit des films pouvant heurter les sensibilités par leur audace, leur licence, leur « sensualité » ou leur « vice ». Plusieurs films subissent ainsi les foudres des esprits bien-pensants : Un caprice de Caroline chérie (Jean Devaivre, 1952), Le Blé en herbe (Claude Autant-Lara, 1953), Et Dieu créa la femme (Roger Vadim, 1957), La Femme mariée (Jean-Luc Godard, 1964), sans toutefois être interdits de sortie (le film de Godard, néanmoins, échappe à ce sort au prix de quelques coupures et doit changer son titre en Une femme mariée). On le voit, la personnalité, jugée provocante, de nouvelles actrices au comportement « libéré » et aux corps « révélés » (Martine Carol, Brigitte Bardot) suffit alors à justifier le tollé des plus puritains.
Dans d’autres cas, il s’agit de films qui s’attaquent « de manière diffamatoire » à la religion : Viridiana, de Luis Buñuel (1961) est interdit, comme La Religieuse de Diderot, de Jacques Rivette (1966), ce dernier déclenchant d’ailleurs une polémique violente et longue (près d’un an et demi) au terme de laquelle le film reçoit finalement son visa d’exploitation.
Enfin, certains films sont jugés offensants à l’égard de la France et de ses institutions. Dans le cadre hautement tabou de la colonisation et de la guerre d’Algérie, ces films, nombreux depuis ceux de René Vautier (Afrique 50, 1950) ou d’Alain Resnais (Les statues meurent aussi, 1953) jusqu’à La Bataille d’Algerde Gillo Pontecorvo (1970), sont condamnés par des groupes de pression parce qu’ils portent atteinte à l’honneur national. Les Sentiers de la gloire se situe quelque part dans ce dernier groupe de films : il ne fait pas bon fustiger l’attitude inhumaine d’officiers français au moment même où ceux-ci accomplissent leur douloureux devoir dans les djebels et casbahs d’Algérie.Ainsi, en 1966, 114 longs métrages demeurent officiellement interdits en France, et cela depuis la fin de la guerre. Mais Les Sentiers de la gloire, on verra pourquoi, ne figure pas dans la liste.Qui censure en France alors ? Officiellement, le ministre chargé du cinéma ou la présidence du Conseil (sous la IVe République), après avis consultatif de la Commission de contrôle des films, ou le ministre de l’Information (sous la Ve République). Mais le poids des censures « officieuses » est souvent prépondérant. Les associations familiales et la Centrale catholique qui évalue le degré de visibilité des films, notamment, font la pluie et le beau temps. De frileux élus locaux, maires en tête, parachèvent le jugement porté par ces ligues morales en usant de leur droit d’interdire la projection de films dans les communes dont ils ont la responsabilité.
Or, il existe une forme de censure plus douce et plus efficace : l’autocensure. C’est de celle-ci que souffreLes Sentiers de la gloire en 1958-1959. En effet le film de Kubrick n’a jamais été soumis à la censure officielle française. Mais, montré en Belgique, il subit bien vite les attaques de militaires et d’anciens combattants choqués par la vision de l’armée française que propose le réalisateur. En outre, la diplomatie française déclenche une violente offensive à destination des Artistes associés, distributeurs du film en Europe. Malgré le succès du film à Bruxelles (il y obtient le prix du Chevalier de La Barre), le Quai d’Orsay demande à Washington de suggérer aux distributeurs de renoncer à une exploitation des Sentiers de la gloire en Belgique. Autocensuré, le film n’a donc plus aucune chance de sortir en France. Il faut attendre 1975 pour que, les passions étant apaisées et la censure assouplie, le film de Kubrick puisse enfin être projeté... pendant l’été.

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